La réunion de toutes les parts en une seule main met-elle fin à une société en participation ? (1871, 1844-5)

On sait que la société en participation est une société qui n’a pas la personnalité morale (1871, voir aussi notre article). On sait aussi que, lorsque la société en participation a un caractère civil, les dispositions applicables sont celles de la société civile (1845 et suivants) et lorsque la société en participation a un caractère commercial, les dispositions applicables sont celles des sociétés en nom collectif (L. 221-1 et suivants) (1871-1). Enfin, on sait qu’il existe des règles générales applicables à toutes les sociétés quelle que soit leur nature, si des dispositions particulières n’y dérogent pas (1832 et suivants).

La réunion de toutes les parts d’une société en participation en une seule main ou le fait qu’il n’existe qu’un seul associé fait-il disparaître la société en participation ?

Une telle situation ne fait pas partie des causes générales de dissolution prévues par le code civil (1844-7) ni des causes spécifiques prévues pour les sociétés en participation (1872-2), les sociétés civiles (1846-1, 1851, 1860, 1863, 1868, 1870) ou les sociétés en nom collectif (L. 221-12, L. 221-15, L. 221-16).

A noter : les règles des sociétés civiles et des sociétés commerciales s’appliquent aux sociétés en participation non pas pour leur fonctionnement mais uniquement pour les “les rapports entre associés”.

Mieux, aux termes des dispositions générales de l’article 1844-5 du code civil, applicables à toutes les sociétés : “La réunion de toutes les parts sociales en une seule main n'entraîne pas la dissolution de plein droit de la société. Tout intéressé peut demander cette dissolution si la situation n'a pas été régularisée dans le délai d'un an. Le tribunal peut accorder à la société un délai maximal de six mois pour régulariser la situation. Il ne peut prononcer la dissolution si, au jour où il statue sur le fond, cette régularisation a eu lieu.”

Toutefois, on comprend que ces dispositions ont pour objet de ne pas faire perdre la personnalité morale trop facilement, les sociétés ayant un patrimoine propre et donc des créanciers et débiteurs propres et différents de ses associés. Quid lorsque la société n’a pas la personnalité morale ? Y-a-t’il un sens à faire perdurer la société qui n’est fondée que sur un contrat ? Peut-on encore contracté avec soi-même dès lorsqu’il n’y a plus d’autres associés ?

Il semblerait que la société en participation cesse d’exister ou plus exactement “cesse de produire ses effets … [entraînant] la disparition immédiate de cette société (Réponse du ministre de l’économie, Journal officiel Assemblée nationale, 1987, n° 19449, p. 3758, 84è page du Pdf). En effet, la société en participation n’étant qu’un contrat, la “perte” du cocontractant rendrait vraisemblablement le contrat de société caduque (1186) ou l’ensemble des droits et obligations du contrat de société étant réuni sur la même tête cette réunion ferait disparaitre par confusion tout lien d’obligation (1349), comme la nullité d’une société “met fin à l’exécution du contrat.”. (1844-15).

Ne pourrait-on pas appliquer à la caducité ou à la confusion, les mêmes règles de régularisation prévues pour les nullités (1844-11, 1844-12, 1844-13) ? Il semble difficile qu’un “simple contrat” puisse perdurer parce qu’il a la nature d’un contrat de société, l’ensemble des droits et obligations ayant disparu du fait de l’absence de personnalité morale de la société.

Matthieu Vincent

Avocat au barreau de Paris

DOES THE CONSOLIDATION OF ALL SHARES IN THE HANDS OF A SINGLE HOLDER TERMINATE A JOINT VENTURE PARTNERSHIP?

The joint venture partnership (soiété en partiicpation) is, under French law, a company that does not have legal personality (1871, see also our article). It is known that, when the joint venture is of a civil nature, the applicable provisions are those of the civil companies (1845 et seq.) and when the joint venture is of a commercial nature, the applicable provisions are those of commercial partnerships (L. 221-1 et seq.) (1871-1). It is also known that there are general rules applicable to all companies regardless of their nature, provided that special provisions do not derogate from them (1832 et seq.).

Does the combination of all the shares of a joint venture in one hand or the fact that there is only one shareholder terminate a joint venture partnership?

Such a situation is not one of the general causes of termination provided for by the Civil Code (1844-7) nor of the specific causes provided for joint ventures (1872-2), civil companies (1846-1, 1851, 1860, 1863, 1868, 1870) or commercial partnerships (L. 221-12, L. 221-15, L. 221-16).

Note: the rules of civil companies and commercial partnership govern joint ventures not for their operation but only for the "relations between shareholders".

Better still, under the terms of the general provisions of Article 1844-5 of the Civil Code, applicable to all companies: "The combination of all the shares in a single hand does not lead to the de jure termination of the company. Any interested party may request this termination if the situation has not been regularised within one year. The court may grant the company a maximum period of six months to regularise the situation. It may not pronounce the termination if, on the day on which it rules on the merits, this regularisation has taken place."

However, it is known that the purpose of these provisions is not to cause companies to lose their legal personality too easily, as they have their own assets and therefore creditors and debtors who are different from their shareholders. What happens when the company does not have legal personality? Is there any sense in perpetuating a society that is based only on a contract? Can you still contract with yourself when there are no other shareholders?

It would seem that the joint venture partnership ceases to exist or more precisely "ceases to produce its effects ... [leading] to the immediate termination of this company (Reply of the Minister of the Economy, Official Journal of the French Parliament, 1987, No. 19449, p. 3758, 84th page of the Pdf). Indeed, since the joint venture partnership is only a contract, the "loss" of the contracting party would probably render the partnership agreement lapsed (1186) or all the rights and obligations of the partnership contract being combined on the same head, this combination would cause any link of obligation to disappear by confusion (1349), just as the nullity of a company "puts an end to the performance of the contract". (1844-15).

Could we not apply to lapse or confusion the same rules of regularization provided for nullities (1844-11, 1844-12, 1844-13)? It seems difficult, at our opinion, that a "simple contract" can last because it has the nature of a partnership contract, all the rights and obligations having disappeared due to the lack of legal personality of the company.

Matthieu Vincent

Lawyer at the Paris Bar